mardi 11 mars 2014

Pacte entre Free et Bouygues Telecom : vers un retour à trois opérateurs

Alors que l’avenir de SFR est encore incertain,Bouygues Telecom veut mettre toutes les chances de son côté. L’opérateur a annoncé hier un accord surprenant qui pourrait renverser le monde des télécoms. Il cèdera son réseau mobile à Free en cas de rachat de SFR. Le retour à trois opérateurs est-il imminent ?

La semaine dernière, le rachat de SFR était au cœur des débats. Numericable et Bouygues Telecom s’étaient positionnés comme acquéreurs potentiels auprès de Vivendi en déposant deux offres de rachatNumericable semblait jusqu’ici le mieux placé pour racheter l’opérateur, mais le pacte signé ce week-end entre Bouygues Telecom et Free pourrait bien changer la donne.

Bouygues Telecom a en effet dévoilé un accord signé avec Free en cas de rachat de SFR : « Nous sommes entrés en négociations exclusives pour céder à Free pour un montant pouvant aller jusqu'à 1,8 milliard d'euros l'intégralité de notre réseau mobile » a déclaré dimanche Olivier Roussat, le PDG de Bouygues Telecom. L’accord entre les deux opérateurs porterait sur « 15 000 antennes et un portefeuille de fréquences, dont une partie pour la 4G ».

Rééquilibrer le marché des télécoms


Avec une telle négociation, Bouygues Telecom veut rassurer en amont l’Autorité de la Concurrence et la Commission européenne qui auront leur mot à dire sur l’acquisition de SFR. En cédant son réseau mobile à Free, l’opérateur évitera ainsi de créer un déséquilibre sur le marché des télécoms. « Avec cette solution simple et massive, nous apportons une réponse intéressante à une problématique qui aurait été soulevée par l'Autorité de la concurrence. En cas de concentration, l'acheteur peut proposer des remèdes pour assurer un maintien important de la concurrence. C'est ce que nous faisons.

Une aubaine pour Free

logo free

En s’offrant le réseau de Bouygues Telecom pour 1,8 milliard d’euros, Free gagnerait en indépendance et accélèrerait la construction de son réseau qui connaît actuellement quelques difficultés à se développer.

Il s’affranchirait notamment de la location du réseau d’Orange qui lui coûte 600 millions d’euros par an. « En maîtrisant totalement notre réseau, nous serions à même d'être plus innovants et toujours aussi dynamiques commercialement » explique Maxime Lombardini, directeur général d’Iliad.

Un risque pour le consommateur ?


Dans la perspective où Vivendi choisirait de revendre SFR à Bouygues Telecom, il s’agirait bel et bien d’un retour à trois opérateurs. Quelles conséquences pour le monde des télécoms ? Doit-on craindre une nouvelle entente entre les opérateurs ? Pour Free, il n’y a pas de raison que les prix augmentent : « culturellement, chez Free, nous ne sommes à l'aise que dans un univers de liberté et de concurrence. Nous ne changerons pas parce que le nombre de nos concurrents passerait de trois à deux » certifie Maxime Lombardini.

Le gouvernement donne son aval


Le gouvernement quant à lui se positionne plutôt du côté de Bouygues Telecom. Arnaud Montebourg, ministre du Redressement productif, a en effet annoncé son souhait de revenir à trois opérateurs : « la concurrence par la destruction s’arrêtera si nous revenons à trois opérateurs mobile tout en maintenant des prix bas. Elle ne s’arrêtera pas si Numericable conquiert SFR puisque la concurrence restera à quatre dans le mobile ».

Quoiqu’il arrive, l’Autorité de la Concurrence ainsi que la Commission européenne devront donner leur accord au futur acquéreur de SFR. Seront-elles favorables à un retour à trois opérateurs ?